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INTERVIEW

 
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Varsovie, Berlin, Paris, Londres, Shanghai : vous avez un parcours très riche et vécu dans de nombreux pays, avant de vous consacrer entièrement à l'art. Pour mieux comprendre votre chemin artistique, parlez-nous tout d'abord de votre enfance et de vos racines.

Je suis née en 1977 à Pabianice, une petite ville du centre de la Pologne.

J'étais une petite fille rêveuse et je passais beaucoup de temps dehors. Tous les après-midi, je jouais des heures entières sur l'aire de jeu du jardin d'enfant collectif, typique de cette époque communiste. Les jeux de mon enfance suivaient le rythme des saisons. Au printemps, j'adorais cueillir du lilas pour le vendre aux passants dans la rue. L'été, je jouais avec des feuilles et de la boue. En automne, avec toute la famille, nous ramassions des champignons dans les grandes et belles forêts des alentours. En hiver, comme il faisait bien vite noir et bien trop froid pour faire quoi que ce soit dehors, je préférais jouer avec les tissus et les boutons dans l'atelier de mes parents.

Mon enfance était modeste, douce et simple, et très connectée à la Nature. Il n'y avait pas de limite à mon imagination et le monde qui m'entourait était une source permanente d'inspiration et de curiosité.

 
 
 
 

Qu'est-ce qui vous a amenée à quitter votre ville natale, puis la Pologne ?

Je suis toujours très connectée à la Pologne et à ma ville natale. Mais j'ai eu très tôt le sentiment que ma vie serait différente de celle des autres. Je ne voulais pas suivre la norme. Je voulais vivre une vie inspirante et je savais que pour cela il me faudrait suivre un chemin différent et inventer moi-même cette vie.

L'école a été déterminante sur ce chemin. Plus j'apprenais, plus je devenais curieuse et plus j'avais envie d'apprendre. J'ai appris rapidement l'allemand et l'anglais et j'ai travaillé parallèlement à mes études pour financer mes cours de langue en Allemagne. Avec cette énergie, j'ai été diplômée de l'Ecole de Commerce de Lodz en 2 ans au lieu de 3 ans. J'ai également gagné un concours qui m'a permis de travailler très jeune dans un cabinet de conseil en Suisse, à Lucerne. Puis en 1999, j'ai été sélectionnée à la fois pour un Master en Sciences Politiques dans l'une des universités les plus prestigieuses de Pologne, l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Varsovie, et pour un programme très sélectif organisé par le Parlement Allemand, où j'ai travaillé comme assistante parlementaire.

 
 
 
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On peut dire que Berlin, c'est un peu le début de votre aventure ?

Je crois que dans mon cas, l'aventure a commencé très tôt. A Berlin, c'est vrai que tout s'est accéléré. J'y ai rencontré mon futur mari, qui lui est français. Nous étions très enthousiastes pour notre futur, pleins de rêves et prêts à conquérir le monde. J'ai décidé d'apprendre le français et de compléter mes études par un double Master en Management des Affaires Européennes à Paris et à Londres.

Et à Londres, c'est la révélation...

Oui, ces 6 mois à Londres ont changé ma vie. Quand j'y repense, j'en ai à chaque fois les larmes aux yeux. Tous les jours après les cours, je courais vers les musées et je me plongeais dans la découverte d'un nouveau chapitre de l'Histoire de l'Art. La National Gallery était pour moi comme une seconde maison. L'entrée étant gratuite, j'y allais presque tous les jours, parfois juste pour 20 minutes, le temps d'admirer un chef d'œuvre. J'ai ainsi passé des mois et des semaines à étudier toute seule l'Histoire de l'Art. Pour la première fois de ma vie, j'étais totalement connectée au monde de l'Art. Ma passion pour l'Art est née à cette époque-là et elle ne m'a pas quittée depuis.

 
 
 

Mais à cette époque, vous ne pensez pas encore à devenir artiste ...

Non, de retour en France, j'ai terminé mes études à Paris et j'ai commencé à travailler pour une entreprise internationale. Pendant 5 ans, j'ai essayé de trouver ma place et de me conformer au modèle d'une vie "réussie".

Mais au fil du temps, je me suis sentie déconnectée, comme si je menais une vie artificielle. Je me disais : "A quoi bon passer des journées entières dans un bureau et dans les transports, travailler dur pour aucune reconnaissance, et essayer de cocher les bonnes cases, quel qu'en soit le prix ? " Je me suis sentie encore plus déconnectée lorsque je suis devenue maman et que je ne pouvais voir mon fils que le soir tard en rentrant du travail.

Je n'avais pas réalisé à l'époque que j'avais tout simplement oublié la petite fille rêveuse que j'étais et sa volonté de suivre un chemin différent. Je me battais tous les jours pour mener une vie "normale" et me conformer à un modèle prédéfini, comme s'il n'y avait pas d'autre choix.

 
 
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A Shanghai, vous allez enfin pouvoir choisir...

Oui, après la naissance de mon second fils en 2011, ma vie a radicalement changé. Mon mari a été nommé à Shanghai et nous avons déménagé en Chine.

J'ai pris cette expatriation comme une opportunité unique de me reconnecter avec moi-même et avec l'Art. Quelques jours seulement après notre arrivée, je me suis inscrite dans une école d'Art et je suis tombée immédiatement amoureuse de la peinture à l'encre chinoise. Pendant 3 ans, j'ai étudié la peinture à l'encre et la calligraphie avec des maîtres chinois. J'ai appris le mandarin et étudié les poèmes des dynasties Tang et Song. J'ai découvert les céramiques chinoises et les broderies traditionnelles des minorités, qui ont grandement influencé mes premiers tableaux.

 
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J'ai aussi beaucoup voyagé en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande. J'ai pu non seulement développer mes connaissances sur les arts traditionnels et sur l'Art Contemporain dans cette région du monde mais je me suis connectée plus intimement avec les différentes cultures que j'ai rencontrées. Ces liens continuent à nourrir mon travail aujourd'hui.

C'est donc en Asie que vous êtes devenue artiste ?

Disons que l'Asie m'a permis de révéler qui je suis. En 2013, j'ai créé mes premières séries, en combinant la peinture à l'encre chinoise avec des techniques picturales et des influences occidentales. Après plusieurs expositions collectives en 2013 et 2014, j'ai organisé ma première exposition individuelle en 2014 et j'ai vendu immédiatement de nombreux tableaux. Les retours sur mon travail étaient très positifs. J'ai donc décidé de mener ma transformation jusqu'au bout et de devenir artiste.

 
 
 
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Et après la Chine ?

Mon retour en Europe a été à la fois difficile et bénéfique. J'ai dû quitter Shanghai, à laquelle j'étais profondément attachée, pour déménager en quelques années à Paris, à Norwich en Angleterre, puis à Lyon. Mais j'ai aussi énormément appris, beaucoup voyagé aux Etats-Unis et vécu des moments à Londres, à New York ou dans l'Arizona qui m'ont profondément marquée.

Tous ces mouvements et ces expériences personnelles intenses ont profondément nourri ma réflexion autour de la notion de connexion : notre connexion avec la Nature, avec notre héritage culturel, politique et social, notre connexion avec nous-mêmes et avec notre lumière intérieure. Je pense que l'univers diffuse autour de nous une énergie positive, qui nous aide à vivre et à être heureux. Mon travail d’artiste est de capter cette énergie et de la restituer en créant des œuvres joyeuses et poétiques, qui font du bien aux autres.

Et aujourd'hui ?

Aujourd'hui, je vis et je travaille à Lyon tout en étant très connectée avec les endroits et les gens inspirants que j'ai découvert aux quatre coins du monde. Je prépare de nouveaux projets et plusieurs expositions pour partager mon travail autour de l'énergie des arbres.

 

©2023 MONIKA CICOLELLA. TOUS DROITS RESERVES.